La course de l'orientation
Je pensais en avoir fini avec toutes ces galères, mais depuis peu ça recommence. Master, pas master ? Internat, officine, industrie, recherche ? Mon stage je le fais où et quand ? Et c'est quoi ça comme métier, en fait ? Et où je vais aller, après ?
Le flou artistique..
Les gens veulent toujours savoir ce que vous allez faire plus tard. C'est quand même dingue ça. Moi je sais toujours pas. Enfin pas trop quoi, j'ai pas passé 4 ans en pharma juste pour m'amuser non plus, hein.
Quand j'étais petite, je voulais faire la même chose que tous les enfants : comme mon papa, comme ma maman. Instit'. Hyper original, surtout quand tes parents font la même chose, t'as qu'une seule option. J'ai compris un peu plus tard que j'étais pas faite pour écrire la date au tableau, surveiller la cantine, apprendre à des petits à faire leurs lacets, tout ça. Bye bye l'éducation nationale.
Après, j'ai voulu être architecte, infographiste - va savoir pourquoi -, inventeuse de chaussures, podologue, photographe, kiné, ortophoniste.. Puis en terminale j'ai dévié vers médecin (bouh !) ou pharmacien. J'ai hésité pendant longtemps. C'est difficile de se décider pour quelque chose qu'on n'a jamais fait. J'admire les gens qui ont toujours su ce qu'ils deviendraient. Comment ils font pour savoir qu'ils sont faits pour ça, que ça va leur plaire ? Moi j'avais peur. De passer à côté d'un autre métier passionnant, de me tromper, d'être déçue, de ne pas y arriver. Je me disais Je fais plouf-plouf, mais le plouf-plouf qui dure toute ta vie c'est un peu risqué quand même. Gros dilemme devant la fiche d'orientation au milieu de l'année de terminale.
Y'a eu les conseils des profs..
- Monsieur et Madame D., votre fille est une élève brillante...blablabla...pourquoi pas une école d'ingénieurs ?
- Je veux pas être ingénieur, ça calcule des trucs on sait même pas pourquoi. J'aime pas la physique, les maths ça va mais pas pour toute la vie non plus.
Les conseils de la conseillère d'orientation..
- Mais pourquoi tu fais pas quand même maths sup ?
- J'AIME PAS C'EST TOUT.
- Ok, ben fais ce que tu veux alors, tu peux TOUT faire.
- Cool.
Les conseils de mon papy..
- Tu sais Tita, moi je voulais que ta mère fasse une école d'ingén...
- AH NON HEIN !
- Bon d'accord, j'insiste pas. A la prochaine génération j'aurais peut-être une chance.
Je sais pas ce qu'ils avaient tous avec ça. Ecole d'ingénieur ça rime avec école des gens forts. Genre quand t'es fort c'est obligé que t'ailles là-bas. Y'a que la prof de physique-chimie qui pensait que j'étais une bonne à rien qui trichait.
- Si tu veux faire pharma faudrait que tu réussisses à avoir la moyenne en chimie cette année, sinon c'est même pas la peine. Et puis sans tricher s'il te plaît.
- Mais je triche pas !
- Monsieur et Madame D., votre fille est une fainéante, elle ne travaille pas assez.
- Mais si je travaille !
- Et c'est une menteuse aussi.
- Au pire, tu peux essayer d'aller passer le concours à la fac de Clermont-Ferrand, c'est celle où il y a le moins de monde, t'as peut-être une chance.
Maintenant que j'y suis, en pharma, et pas que à Clermont-Ferrand (j'ai rien contre Clermont-Ferrand hein, c'est très très bien aussi Clermont-Ferrand), je n'ai qu'une chose à ajouter :
Connasse.
PS : mes plus grands hommages à Mr. Bashung, qui continuera à chanter dans mes oreilles pendant quelques décennies encore.